L'arrivée des armées allemandes sur la Côte basque

La France ayant mobilisé, bien des agriculteurs et des commis de fermes étaient sous les drapeaux en 1940, pas encore démobilisés, ni prisonniers, la saison agricole en juin battait son plein lorsque le Proviseur du Lycée de Bayonne plaça ses lycéens dans les fermes du Pays Basque.
Nous élèves et anciens élèves du lycée fumes réquisitionnés et ce fut ainsi que nous vîmes arriver par la Nationale 10 les troupes motorisées allemandes le 25 juin 1940.
Cette arrivée fut, au début, très importante puisqu’il s’agissait d’occuper un secteur qui devait être à la fois côtier, frontalier avec l’Espagne et aussi avec la zone libre qui se trouvait derrière une ligne de démarcation.

Bayonne et le cinéma "La Feria"

Le bruit des chars et des bottes du défilé des troupe fut impressionnant. dans cette arrivée à grand spectacle, pas de fausses notes: tout roulait à la bonne vitesse à la bonne distance, respectant les espaces comme à la parade. On occupait le terrain.
Les passants s’arrêtèrent médusés. Ils n’avaient jamais vu une armée française défiler de la sorte au Pays basque ou ailleurs, et ils découvraient du matériel militaire quasiment inconnu, même dans l’armée française; cette dernière avait gagné “de haute lutte” la guerre de 1914 et voilà maintenant qu’elle était battue “à plates coutures”.


Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? On nous avait bien rebattu les oreilles avec des slogans vides de sens du style: “le moral de nos troupes est au beau fixe”, “la route du fer est coupée”, “nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts”, “nous défendrons Paris rue par rue, maison par maison”.
Bayonne rue Maubec
Bayonne pont du Génie

On quêtait pour le vin chaud des soldats durant l’hiver 1939, on tricotait des chandails et des chaussettes et l’on confectionnait des colis pour les soldats.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes ... de la désinformation et voici que soudain l’on voyait défiler des armées qui ne semblaient pas avoir souffert des combats. Tout était neuf et bien briqué, pour en imposer aux populations occupées.
Les habitants semblaient incrédules; se demandaient s’ils rêvaient. S’ils ne manifestaient pas de peur, du moins apparemment, l’on sentait qu’ils s’interrogaient sur ce qu’il adviendrait par la suite.
Certes, on avait entendu parler des Prussiens par les anciens de la Grande Guerre, et l’on savait que les Allemands, les “Teutons” étaient de bons guerriers, mais ceux qui défilaient n’étaient plus les Prussiens d’autrefois mais des nazis, et même au début des nazis fanatisés, des S.S. qui s’étaient déjà illustrés en Pologne.
Il y avait aussi de la déception et de la rancoeur envers Chamberlain et Daladier qui étaient revenus de Munich en déclarant qu’Hitler était animé d’intentions pacifiques et envers les rodomontades de Paul Reynaud au début du conflit.

Biarritz devant le Palais

Biarritz la place Clemenceau

Ces forces hitlériennes triomphantes que nous vîmes à Biarritz se dirigèrent vers Hendaye et le 27 juin en fin d’après-midi le Herr Doktor Wist Brandt se trouva être le premier militaire d’occupation à parvenir au pont Santiago.

Le 29 juin vers onze heures le général allemand Von Weitersheim parvenait à son tour au meme endroit et il allait saluer son homologue espagnol le général Lopez Pinto, puis les deux généraux de concert traversèrent la frontière du côté français pour aller passer en revue un bataillon d’éclaireurs S.S.

Hendaye le Maréchal Rommel et le Général von Obsfelder
Il s’agissait ainsi de préparer des relations amicales. Le führer en personne devait rencontrer le généralissime Franco. Cela eut lieu à l’automne, le 23 octobre 1940. Pour la sécurité du secteur intervint un groupe de chars convoyés par train.
Comme l’on sait le général Franco resta ferme et refusa aux armée hitlériennes la traversée du territoire espagnol. Ce refus changera les données de la stratégie militaire des alliés et facilitera, sans doute, le débarquement des Américains en Afrique du Nord.


Biarritz le phare
Après la rencontre avec Franco, l’armée d’invasion se divisa en deux colonnes: 
le régiment S.S. "der Führer" qui d’Angoulème par Bordeaux, Belin, Bayonne, Saint -Jean de Luz aboutit à la frontière franco-espagnole, s’installa à Bayonne, Biarritz, Hendaye et Ustaritz.
L’autre régiment “S.S. Deutschland” une Panzer Division envoya une brigade de marche du nom de “Germania” qui de Coutras par Langon, Roquefort, 0rthez et Salies de-Béarn aboutit à Saint-Palais.

Ces derniers établirent des contacts avec les autorités espagnoles à Saint-Jean-Pied-de-Port. Le commandant de la brigade Steiner prit contact à Arnéguy avec son homologue de Pampelune le général Fernandez qui commandait la 62e Division Ibérique.
Biarritz le phare

Biarritz devant le casino Municipal

Biarritz le Rocher de la Vierge
Ainsi les deux-tiers du Pays Basque se retrouvèrent en “Zone occupée”, et la Soule en Zone Libre durant un an et demi de plus. Mais les S.S. ne restèrent pas longtemps en Pays Basque, puisqu’ils furent dirigés vers les côtes de la Manche en vu d’un débarquement en Angleterre, mais celui-ci n’eut pas lieu dans le sens prévu par Hitler. 
Biarritz la Grande Plage

Biarritz boutique sous le casino Municipal

Biarritz la Grande Plage
Anglet le Château de Brindos


Jacques Bellay est à Bordeaux fin juin 1940 et voit ainsi les trouupes Allemandes traverser la ville; De retour à Biarritz où il habite, il voit les mêmes troupes balayer la Côte Basque. Un contact s’établit entre les troupes Allemandes et l’Armée Espagnole à la frontière d’Hendaye pour préparer l’entrevue du Führer qui doit se tenir là avec Franco quatre mois plus tard et se traduire par un refus du Caudillo. L’occupation du Pays Basque s’organise, ce secteur étant à la fois : zone côtière –zone frontalière– et zone frontière; 5 kommandantur sont installées à Biarritz. Arrestations et déportations commencent, ce qui provoque la Résistance dont l’une des activités principales est constituée par des filières pour faire passer en Espagne des résistants traqués par la Police Allemande, des Juifs menacés d’extermination, ou encore des jeunes Français qui veulent rejoindre la France Libre. Des passeurs basques se mettent au service des Réseaux de Résistance, inscrivant ainsi des pages glorieuses à l’Histoire de la France sous l’Occupation. Les Basques ont résisté à l’Occupant nazi, et ils ont été les premiers à rejoindre la France Libre, constituant un fort contingent de la 2ème D.B. Un Monument aux Passeurs Basques devrait être érigé dans les montagnes euskariennes en mémoire des sacrifices de ces héros qu’il ne faut pas oublier. 

Sources : wehrmacht64.canalblog.com & Jacques Bellay

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